Archive pour le 1.10.2009

Question de style

jeudi 1 octobre 2009

Un grand nombre de messages ont afflué sur mon blog depuis la publication de la pétition en faveur de Roman Polanski. A tel point que je ne suis ni en mesure de tous les traiter ni d’y répondre. Je suis d’ailleurs contraint de faire le tri, quitte à me faire traiter de « censeur » par ceux qui me reprochent de ne pas publier leurs messages haineux, insultants, caricaturaux. Question de style.

La plupart des messages approuvent la pétition initiée par la SACD, l’ARP, le Festival de Cannes et la Cinémathèque française, déjà signée par des cinéastes du monde entier (voir liste sur www.sacd.fr), et par de très nombreuses personnes apportant leur soutien au cinéaste. Mais un grand nombre s’en prennent à Roman Polanski en le traitant de pédophile, de violeur, de lâche, j’en passe et des meilleurs. Avec une incroyable véhémence, parfois même une grande violence. La meute est lâchée. Les mêmes accusent les signataires de la pétition de complicité avec un dangereux pédophile, nous prenant pour des irresponsables.

L’argument qui revient le plus souvent dans ces messages, consiste à dire que les artistes, les gens connus, les « people », les hommes politiques (beaucoup s’en prennent à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, à cause de sa déclaration indignée et courageuse), les riches, les puissants ou les nantis, ne sont pas au-dessus des lois mais, comme tout le monde, justiciables de leurs actes. De quel droit défendez-vous ainsi « l’un des vôtres », de manière si obscène ?

Réponse claire et nette : oui, tout le monde est égal devant la justice et doit répondre de ses actes, que l’on soit célèbre ou inconnu. Mais nous ne sommes pas des juges, il ne nous revient pas de prononcer une condamnation ni d’innocenter quiconque. Cela relève de l’évidence.

On peut aussi se demander si ce qui arrive à Roman Polanski, son arrestation spectaculaire dans un scénario de type souricière, et l’acharnement à lui faire reproche d’un acte commis il y a plus de trente ans, alors même que la plainte contre lui a été retirée par la victime, ne sont justement pas liés à sa notoriété, au fait qu’il est un cinéaste connu du monde entier. Je ne suis pas sûr que ce qui lui arrive pourrait arriver à « n’importe qui ».

Ce qui m’a choqué dimanche dernier, c’est qu’on l’ait arrêté, dès son arrivée à Zurich, comme s’il était un criminel de guerre. Oui, un traquenard mis au point par la police suisse après qu’une demande d’arrestation ait été transmise par la justice américaine. Quelle mouche a donc piqué la police suisse, pour qu’elle exécute avec zèle cette mission ? Pour quelles raisons ne s’était-elle pas préoccupée de « cueillir » Roman Polanski lors d’un précédant séjour, alors qu’elle ne pouvait ignorer que le cinéaste se rendait fréquemment en Suisse où il possède un chalet ? Ne s’agit-il pas d’un échange de bons procédés, quand on sait que les banques suisses ont quelque chose à se faire pardonner ? Ces questions légitimes méritent d’être posées.

Cette affaire va durer et elle aura des suites. J’ignore lesquelles. Elle est devenue une affaire publique qui déchaîne les passions. Y compris les plus basses. Je ne suis pas le seul à penser que cette chasse à l’homme menée à l’encontre de Roman Polanski a quelque chose de nauséeux. C’est aussi pour cela que nous réclamons sa libération.