Archive pour le 2.08.2010

Véronique Silver… C’était Madame Jouve

lundi 2 août 2010

Le Monde du week-end (daté du 1er et 2 août) publie une brève nécrologie de Véronique Silver, actrice de cinéma et de très nombreuses séries télévisées. Âgée de 79 ans, elle a débuté en 1954 dans Si Versailles m’était conté…  de Sacha Guitry. Curieusement, cette nécrologie oublie de mentionner le personnage inoubliable qu’interprétait Véronique Silver dans La Femme d’à côté de François Truffaut (1981) : celui de Madame Jouve. Souvenez-vous, cette femme brune qui tenait le club de Tennis de Correnc, non loin de Grenoble, où Gérard Depardieu et Fanny Ardant se retrouvaient souvent, comme des amants obligés de cacher leur passion. Odile Jouve était la confidente de Depardieu, elle le reçoit dans sa cuisine et lui propose de partager son frichti. Madame Jouve était une femme rescapée de l’amour. Dans le film elle avait un léger boitillement, parce qu’un jour, par amour pour un homme, elle s’était jetée par la fenêtre… Et puis, vingt plus tard, un télégramme lui annonce que cet amant est de retour, ce qui plonge Madame Jouve dans la confusion. Elle était aussi la narratrice du film, celle par qui cette histoire d’amour entre Mathilde (Fanny Ardant) et Bernard (Gérard Depardieu) nous est racontée : Ni avec toi ni sans toi. Un rôle comme celui-ci ne s’oublie pas. Faute professionnelle ou faute de goût, le film de Truffaut, l’un de ses meilleurs, n’est même pas mentionné dans cette trop brève nécrologie. C’est injuste.

Véronique Silver avait également joué chez Resnais (Mon Oncle d’Amérique et La Vie est un roman), Chantal Akerman (Toute une nuit), Noémie Lvovsky (Faut que ça danse !, son dernier rôle au cinéma), sans oublier Jean-Claude Guiguet (Le Mirage, Les Passagers), Jean-Claude Brisseau (Noce blanche), Aline Issermann (Le Destin de Juliette), Joël Séria (Mais ne nous délivrez pas du mal), René Féret (Le Mystère Alexina), Jacques Renard (Blanche et Marie), Nadine Trintignant (La Maison de Jade), Luc Béraud (La Tortue sur le dos), Jean-Louis Bertucelli (Aujourd’hui peut-être, Stress) ou encore Alain Bergala (Où que tu sois). Son visage était familier grâce à de très nombreux rôles à la télévision. Elle était l’épouse de Henri Virlojeux, disparu en 1995, acteur d’innombrables films et téléfilms, figure incontournable du cinéma français, second rôle par excellence (dans Les Quatre Cents Coups, Virlojeux était celui qui surprenait Antoine Doinel et son copain René en train de voler une machine à écrire).  Mais elle était Madame Jouve, celle qui savait ce que veut dire l’amour.