Archives de catégorie : Films vus

Etude de l’intervalle par l’étude de deux tableaux

La semaine dernière, nous avons étudié 2 tableaux de Edward Hopper. Le premier représentait un couple dans un salon. L’homme lisait son journal et la femme pianotait, paraissant ennuyée. Une table et une porte les séparent. Les personnages ne se regardent pas, les deux corps s’opposent, ce qui nous fait une sensation de dispute. La toile est une vue, d’une fenêtre, de nuit. Nous observons donc un épisode de la vie de ce couple.

Room in New York HopperRoom in New-York – Edward Hopper (1932)

 

Le second tableau nous montre, toujours depuis une fenêtre, 2 jeunes adultes, ressemblant à des adolescents des années 50, dans un patio, en plan très large. Les 2 personnages sont très proches et sont situés dans un « cadre », celui de la fenêtre sur le rebord duquel ils sont assis, lui-même placé dans un cadre, celui du porche par lequel nous observons la scène. L’impression qui se dégage est une relation proche.

Summer Evening Hopper
Summer Evening – Edward Hopper (1947)

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Nanouk l’esquimau

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Nanouk l’esquimau est un film muet en noir et blanc réalisé par  Robert Flaherty en 1922. C’est un des premiers longs métrages documentaire. Ce film montre la vie quotidienne d’une famille Inuit sur la côte Est de la baie d’Hudson au Canada. Nous avons essayé de repérer dans ce film tous les moments où la notion d’intervalle était importante.

repas

Le but du réalisateur est de montrer tous les gestes du quotidien : de nombreuses séquences sont destinées à montrer les techniques de pêche, la construction d’un igloo,  les repas, la toilette… L’intervalle entre la caméra et ses personnages est donc très réduit, ce ne sont que des plans serrés.

chasseNanouk observe très souvent les phoques. On peut alors constater la différence entre l’intervalle réel entre lui et les animaux et l’intervalle émotionnel, quand il les voit comme s’il était tout près d’eux.

seul

Dans les séquences de chasse, l’intervalle entre Nanouk et le phoque est matérialisé par la corde qui relie l’homme à l’animal qu’il veut capturer. Le but est de réduire la longueur de la corde,  et donc l’intervalle entre les deux.

morseLe réalisateur filme les séquences de déplacements en plans larges et, le plus souvent, en plans fixes.

Il laisse s’éloigner ou se rapprocher de la caméra Nanouk, sa famille et son attelage. Le jeu de l’élastique est ici très visible  car les personnages sombres se détachent très bien sur le fond blanc de la banquise.

Une séquence nous a intéressés, c’est celle de la chasse au morse : dans l’espace vide et blanc, tout est question d’intervalle et  se joue entre Nanouk, le morse et un groupe de chasseurs. Au début de la séquence, on voit Nanouk s’approcher de la caméra, enfoncer un harpon dans la glace et  tirer sur la corde. On imagine, en dessous, un animal essayant de tirer dans l’autre sens pour tenter de s’échapper. Les efforts durent longtemps, il s’agit d’extirper l’animal, et la portion de corde, tour à tour, se raccourcit et se rallonge, tout comme l’intervalle entre Nanouk et le trou dans la glace.

Quand les plans deviennent plus larges, on aperçoit, au loin, un groupe de chasseurs dans un traineau tiré par des chiens. Nanouk, épuisé, les appelle à l’aide de la main. Le traineau est très loin et les chasseurs n’en finissent pas d’arriver. Cela crée du suspense. L’intervalle entre Nanouk et le groupe de chasseurs se réduit très lentement. Quand les chasseurs arrivent, tous tirent sur la corde et le morse est enfin capturé, l’intervalle entre Nanouk et l’animal  est enfin annulé. Tous sont dans le même plan et l’animal peut être tué. Pour finir, quand les chasseurs mangent la chair du morse qu’ils viennent de dépecer, on peut vraiment dire que l’intervalle n’existe plus !

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Rencontre à la Cinémathèque de Perpignan

 

  

Les trois classes participantes au dispositif 100 ans de jeunesse se sont retrouvées dans la salle Marcel Oms de l’Institut Jean Vigo pour une journée de travail sur le thème de l’intervalle : La classe de CE2 de l’école F. Arago de Bompas, la classe du collège La Garrigole et notre classe du collège Marcel Pagnol de Perpignan.

Nous avons commencé par une révision des notions de bases du langage cinématographique avec Christian Assalit et Frédéric Borgia.

Puis nous avons visionné deux courts-métrages « Le pain et la rue » d’Abbas Kiarostami et « La peur, petit chasseur » de Laurent Achard qui ont été analysé par M. Assalit et M. Borgia.

     la peur petit chasseur

Après une pause déjeuner….

  Pascal

Pascal Mallia est venu se présenter et a expliqué son rôle dans le déroulement des ateliers.

La journée continue en approfondissant la notion d’intervalle à partir d’extraits de films tels que « Moonrise Kingdom » de Wes Anderson, « Gravity » d’Alfonso Cuaron, « Barry Lindon » de Stanley Kubrick et « Partie de campagne » de Jean Renoir.

Frédéric Borgia est intervenu sur le Burlesque et l’intervalle.

Et enfin, nous avons visionné deux courts-métrages réalisés dans le cadre du dispositif 100 ans de jeunesse : « Faut pas te laisser faire » classe de CE2 de Bompas (thème : la couleur au cinéma) et « Danse turque » Escula E.B. Marquesa de Alorna, Lisbonne/Portugal (thème : le plan-séquence).

Nous nous retrouverons bientôt pour visiter le musée du cinéma de Gérone.

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« TOMBOY » un film de Céline Sciamma

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Ce film raconte  l’histoire de Laure, qui est  un vrai garçon manqué. Le jour où elle aménage dans un nouvel appartement avec sa sœur et ses parents, elle rencontre une fille de son âge, Lisa qui la prend pour un garçon. Laure déclare alors s’appeler Mickaël et se fait passer pour un garçon aux yeux de toute sa nouvelle bande de copains et copines.

Comme en classe, nous avons commencé à parler de la notion d’intervalle au cinéma, nous avons été très attentifs au travail de Céline Sciamma sur cette question en visionnant à nouveau des extraits de ce film que nous étions allés voir au cinéma.

Nous avons trouvé qu’il y avait plusieurs types d’intervalles dans le film :

Tout d’abord, il y a l’intervalle invisible entre les deux côtés de sa personnalité : fille et garçon, masculin et féminin.

 

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L’intervalle entre les différents endroits du film est lui aussi invisible : Céline Sciamma ne filme jamais Laure en train de passer d’un endroit à un autre, on n’a aucune idée de la distance qui sépare son appartement et la forêt ou le terrain de foot. Comme à l’intérieur de l’appartement, elle est une fille et à l’extérieur, elle est un garçon, les franchissements de cet intervalle restent mystérieux.

L’intervalle entre la caméra et ses personnages est, lui, très concret : la réalisatrice a voulu le réduire au maximum pour que nous nous sentions plus proches d’eux. Pendant tout le film, on se demande comment Laure  va pouvoir garder son secret et, malgré tous ses efforts, on sent bien que la « vérité » finira bien par éclater. Pourtant, on se sent tout le temps « de son côté ». C’est grâce aux choix de mise en scène de la réalisatrice : elle filme Laure toujours en plans serrés, et à sa hauteur, comme si nous étions « à son côté ». A un seul moment du film, Céline Sciamma décide d’augmenter l’intervalle entre Laure et la caméra : c’est quand le personnage est seul, perdu dans la forêt après la révélation de son secret.

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L’intervalle entre les personnages est lui aussi très important : la réalisatrice nous les montre toujours très près les uns des autres. Elle invente même des petites astuces pour nous montrer Laure et ses parents en plans serrés : pour qu’ils aient le visage à la même hauteur, elle filme Laure sur le lit de sa maman, ou sur les genoux de son père dans la voiture, ou encore fait s’assoir son père au pied du canapé. Ainsi, elle arrive à réduire au maximum l’intervalle entre eux.

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Même quand les personnages ont du mal à être ensemble, elle les montre très près les uns des autres. Mais dans cet intervalle, toujours très réduit entre les deux, elle place quelque chose qui fait qu’on comprend que c’est difficile pour eux d’être ensemble : un mur, une différence de couleur de fond, un arbre, un coin de porte…

L’intervalle entre Laure et le monde est souvent utilisé pour nous montrer qu’elle ne sait pas trop où elle en est : elle est très souvent filmée en gros plan et, autour d’elle, c’est flou.  Céline Sciamma utilise cet intervalle pour nous faire ressentir que son personnage est piégé et Laure nous est montrée comme étant prisonnière de son secret, coincée entre deux portes,  dans un couloir, derrière une fenêtre ou des barreaux et souvent comme coincée entre les bords de l’écran.

Et il y a, bien sûr, l’intervalle entre Laure et Lisa qui se réduit progressivement dans la première partie du film jusqu’à la scène du baiser, puis augmente après la révélation et se réduit à nouveau à la fin du film…

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