Soulagement pour Roman Polanski

La justice suisse en a ainsi tranché : Roman Polanski ne sera pas extradé aux Etats-Unis. La nouvelle qui vient de tomber nous réjouit profondément. Après plusieurs mois de calvaire, Roman Polanski va enfin pouvoir quitter son chalet de Gstaad où il était tenu à résidence depuis le 4 décembre dernier, bracelet électronique à la cheville. Il va donc pouvoir revenir en France en homme libre, retrouver ses deux enfants et sa femme Emmanuelle Seigner. Et les nombreux amis qui se sont mobilisés en sa faveur, depuis son arrestation le 26 septembre 2009. Ce cauchemar aura duré plus de neuf mois…Annoncée par la ministre de la justice suisse, Madame Eveline Widmer-Schlumpf, cette décision est donc raisonnable, souveraine. Nous la saluons. Même si elle s’est énoncée sous la forme d’une dénégation : « Les clarifications approfondies qui ont été menées à bien n’ont pas permis d’exclure avec toute la certitude voulue que la demande d’extradition américaine présentait un vice », a dit la ministre suisse de la justice au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue à Berne. Après-coup, on pourra dire que la justice a pris tout son temps, et que sans doute le « dossier » juridique présenté par la justice californienne ne tenait pas la route. Ou que les dés étaient pipés. Soulagement.  

15 Réponses à “Soulagement pour Roman Polanski”

  1. Cédric Bouchoucha a écrit :

    Une très bonne nouvelle ! (Félicitations également pour la programmation 2010/2011 de la Cinémathèque, très riche et attendue de pied ferme !)

  2. Hatzfeld Jean a écrit :

    Il est tout de même curieux que dans ce concert de déclarations, au lendemain de la libération de mouvement souhaitée de l’artiste, pas une ligne, donc pas une pensée, n’ait été consacrée à cette gamine de 13 ans, dont le seul tort fut de ne pas être restée à la maison pour réviser ses devoirs de classe, cette nuit de 1977 où elle fut violée, et dont la vie fut depuis un cauchemar d’une autre nature que celui du cinéaste en son chalet, ainsi que celui de sa fille, aujourd’hui à peine près du même âge, et qui dut affronter l’événement sans tant de solidarité, ni même une pensée.

  3. jbt a écrit :

    Je comprends l’indignation de Monsieur Hatzfeld qui doit cependant être considérablement relativisée : la « gamine de 13 ans » a aujourd’hui grandi, elle a pardonné et semble aujourd’hui ne vouloir qu’une seule chose : oublier ce passé encombrant. Surtout, il n’est pas exclu que du point de vue juridique, Monsieur Polanski ait entièrement exécuté sa peine. Dans ce contexte, il est légitime de se demander pourquoi la justice américaine s’acharne à vouloir poursuivre jusqu’au bout Monsieur Polanski et notamment si des motivations autres (électorales et politiques) sont à l’origine de tout ce fiasco.

  4. Jérôme Segal a écrit :

    Oui, Jean, tout à fait d’accord. Voilà un fuyard qui a échappé à la justice étasunienne, qui a drogué et violé une adolescente de 13 ans, et qui a été honteusement soutenu par les copains du « milieu » (enfin pas tous, cf. Cannes 2010). Cette affaire judiciaire ne devrait même pas être évoquée sur le blog du directeur de la cinémathèque. Il peut soutenir un violeur à titre privé, puisque R. Polanski est un de ses amis, mais pas en qualité de directeur de la cinémathèque. Ce blog n’est pas prévu pour cela. Mélange des genres, là encore ! On nomme S. Toubiana à la tête de la cinémathèque pour qu’il nous raconte les faits divers ? Il nus parle des aventures de ses amis ? C’est comme E. Woerth à la fois trésorier de l’UMP et ministre du budget. Halte au mélange des genres, une maladie franco-française, vue d’ici (en Autriche où je travaille).

  5. Daniel Lages a écrit :

    @jbt : dans les régimes républicains, le droit est rendu au nom de l’État et pas au nom de la victime. Peu importe que la victime ait pardonné à M. Polanski (et ait accepté un chèque pour cela, ce qu’on nomme pudiquement un ‘arrangement’). Le droit est rendu au regard des lois selon lesquelles il est interdit de droguer puis violer une jeune fille de 13 ans.
    Ce point essentiel a très souvent été oublié par les personnes qui ont soutenu M. Polanski.

  6. Serge Toubiana a écrit :

    C’est faux : cet argument a été dit et redit. Ce que vous ne pointez pas en revanche, ce sont les dysfonctionnements de la justice californienne, tels qu’ils ont été révélés au fur et à mesure de cette affaire. Et bien sûr, vous ne tenez absolument pas compte de ce qui est arrivé à Roman Polanski depuis le 26 septembre 2009. En gros, vous vous contentez de répéter les principes. Et cela semble vous suffire… S.T.

  7. Serge Toubiana a écrit :

    Cher Jérôme Segal, vous écrivez d’Autriche et semblez avoir une curieuse conception de ce que doit être mon blog. Je vous demanderai dorénavant par avance l’autorisation de publier tel ou tel propos. Et si vous souhaitez ma démission du poste de directeur de la Cinémathèque, il vous suffit d’envoyer une lettre (même pas anonyme) aux autorités ministérielles. S.T.

  8. Jérôme Segal a écrit :

    Cher Serge Toubiana,
    Merci d’avoir accepté mon commentaire, bien qu’il soit critique.
    Pour préciser ma pensée, j’aimerais simplement que ce blog nous parle de cinéma ou de la cinémathèque plus que de faits divers (même si cela concerne un réalisateur). Je persiste à penser que c’est en votre nom que vous pouvez soutenir M. Polanski, pas en qualité de DG de la cinémathèque, idem d’ailleurs pour le ministre de la culture.
    Ce point mis à part, je suis content du travail mené à la Cinémathèque ! En tant qu’utilisateur occasionnel, en raison de mon éloignement géographique, j’apprécie le lieu comme véritable maison du cinéma et j’ai passé une semaine à travailler dans les archives du festival de Cannes que vous gérez, avec une équipe compétente mais des horaires bien trop restreints (23h d’ouverture par semaine pour l’espace chercheurs, c’est indigne d’archives attirant des chercheurs du monde entier, qui font parfois comme moi le déplacement depuis l’étranger pour venir y travailler). Voilà un point précis que je porte à votre connaissance, sans rapport avec l’affaire P.
    Bien cordialement, JS

  9. Valérie a écrit :

    Merveilleuse nouvelle. Je suis cependant chagrinée qu’une certaine presse et à nouveau des internautes souvent anonymes se permettent de critiquer une décision de justice, de continuer à insulter Monsieur Polanski, comme si il était le pire des criminels sans chercher à approfondir ce qu’il s’est passé depuis trente ans, internautes finalement dénués de tout respect humain, à commencer par le respect dû à Mme Geimer. En quelque sorte : vous commettez ce que vous reprochez à Monsieur Polanski d’avoir fait, il y’a de cela trente ans.
    Monsieur Lages, en tant que personne ayant soutenu Monsieur Polanski et continuant à le faire, je tiens à vous faire remarquer que la justice californienne et ses « play bargain » (accord entre les parties) est difficilement compréhensible en France où nous avons des procès : Roman Polanski, suite à « un play bargain » a payé son dû à la société il y’a trente ans. Ce « play bargain » est décrit dans le témoignage de Gunson, que les EU n’ont pas voulu donner à la Suisse, d’où le refus d’extradition. L’acharnement des juges californiens ressemble beaucoup à un combat d’arrière-garde pour de sombres raisons politiques et de vanité nationale : « nous voulons Polanski mort ou vif » a t-il été dit dans le milieu juridique à LA. Renseignez-vous.

  10. Hatzfeld Jean a écrit :

    Des gens formidables et sympathiques se sont exprimés de façon très contradictoire sur les différents épisodes de cette histoire, et notamment sur l’acharnement du procureur américain. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que dans cette affaire, comme dans l’affaire Cesare Battisti, les opinions furent particulièrement influencées par des sentiments nationalistes. Aussi, par prudence, je préférais ne pas trop m’aventurer dans telle ou telle croisade péremptoire, me contentant de penser qu’après tant d’années, il n’était pas souhaitable de ré ouvrir ce dossier, et que Polanski devait bien bénéficier de l’oubli du temps. Toutefois, ma remarque demeure. Au lendemain de sa libération de son chalet, dans le concert, écrit, oral, pour exprimer soulagement, victoire, félicitation, bonheur, pas un mot, donc pas une pensée, pour cette gamine de l’époque, pour exprimer que non seulement elle existe, mais qu’elle n’existe pas seulement comme la cause du mal. Un grand élan de solidarité corporatiste, c’est bien, un brin d’humanité (quand on a gagné) c’est pas mal aussi.

  11. Philippe a écrit :

    Monsieur Hatzfeld,
    Cette « gamine de l’époque » existe t-elle vraiment encore ? Elle est aujourd’hui devenue une mère de famille de presque 50 ans qui n’a plus beaucoup à voir avec la jeune fille de 13 ans qu’elle fût à l’époque. Cette dame réclame d’ailleurs dignement que l’on oublie cette gamine, qu’on arrête de vouloir ressusciter des fantômes du Passé.
    Et je pense que cela est valable également pour Roman Polanski qui n’est certainement plus le même homme aujourd’hui .
    Pour autant cette « gamine » a bien évidemment subi un crime, mais aurait-il été nécessaire de rappeler que le viol d’une jeune fille est un crime ? Je ne crois vraiment pas qu’il y ait besoin de le préciser à tous ceux qui ont justement un « brin d’humanité ».
    Et aux autres, ça aurait été à mon avis une perte de temps.

  12. Jean Hatzfeld a écrit :

    Mieux vaut un tu l’as que deux tu l’auras.
    Vous avez cent fois raison et moi dix fois plus tort.
    Obéissant à une incompréhensible pulsion, sans doute le désir de participer au moins une fois à ce genre d’expérience de chat, sans doute aussi celui d’exprimer de façon douce une incompréhension partagée par beaucoup d’amis, j’ai très malheureusement écrit quelques lignes que je regrette beaucoup, pour les réactions et désillusions quelles provoquent.
    Vive le café de quartier et les dîners entre amis.

  13. Serge Toubiana a écrit :

    Je te prends au mot, mon cher Jean. On dîne quand tu veux. On aura ainsi le plaisir de poursuivre cette discussion entre amis. Serge

  14. Vince Vint@ge a écrit :

    C’est le lynchage médiatique qui a été inadmissible. Cette manière de donner une  » star  » en pâture à la vox populi. Un Michael Jackson en avait fait les frais et ça l’a tué. Tout simplement. En ce moment, l’os à ronger, c’est Mel Gibson. Il faut absolument, semble-t-il, qu’on le diabolise, des ex cherchent à l’enfoncer, coûte que coûte, et surtout parce que ça peut rapporter gros. Puis, après, Hollywood et la presse people, secondés désormais par un Internet en roue libre, trouveront quelqu’un d’autre. Sur le thème éternel du  » Plus dure sera la chute « . En ce qui concerne le cinéma,  » The Ghost Writer « , d’une grande maîtrise artistique, est l’un des meilleurs films de l’année 2010 et on parle d’une adaptation d’un huis clos de Yasmina Reza par Roman Polanski. Celui-ci retourne aux affaires sérieuses, à savoir cinématographiques, et c’est tant mieux.

  15. Rédoine Faïd a écrit :

    Tout accusé a le droit de se défendre. Et, dieu merçi, Heureusement!

    Face au lynchage (le mot est faible), Polanski a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de chance d’appartenir au monde du cinéma. Il y a des personnes qui n’ont pas hésité à le condamner à mort. La justice helvétique en a décidé autrement.
    Mais face au « ridiculisme » de la démarche des autorités judiciaires américaines, en avait-elle le choix ? En arrêtant RP à la descente de l’avion alors qu’il se rendait à un festival du cinéma, la Suisse s’est fourvoyée en utilisant des méthodes gestapistes d’une autre époque. Oui, les personalités du cinéma et les responsables de ce festival (qui devait remettre une récompense au cinéaste) ont eu raison et le droit de s’indigner au rapport de ce procédé méprisant. En tant que représantant du cinéma, Serge Toubiana est parfaitement dans son rôle lorsqu’il s’indigne face au lynchage médiatique d’un cinéaste unanimement reconnu. Il n’a jamais pris position. Il n’a pas hésité non plus à faire la même démarche concernant l’emprisonnement d’une autre personnalité du cinéma en Iran. Directeur de la Cinémathèque, certes. Mais aussi professionnel soit-il, Serge Toubiana reste une personne sage et humaine. Quelqu’un qui ne juge pas les autres (et je sais de quoi je parle…). J’espère que les membres de la Cinémathèque auront le privilège de l’avoir encore pas mal d’années…

    PS: Vince Vint@ge, je viens de voir « The Ghost Writter ». IMMENSE! Quelque journalistes de renom m’ont parlé du film. Ils ont adoré et ils sont eux-même écrivains à leurs heures perdues. Excellentissisme ! C’est un génie !