Des cinémas pour l’Afrique

Hier soir, lors du dîner offert par Gilles Jacob, le président du Festival de Cannes, au Carlton, Abderrahmane Sissako et Juliette Binoche ont pris la parole pour expliquer et défendre un projet qu’ils parrainent depuis un an dans le cadre de l’association « Des cinémas pour l’Afrique ». Le but consiste à réunir assez d’argent pour financer la réouverture d’une salle de cinéma à Bamako au Mali. Il s’agit d’une ancienne salle à rénover, le Soudan Ciné, fermée depuis quatorze ans. Projet pilote de l’association, qui sera suivi d’autres initiatives dans d’autres capitales africaines.

L’Afrique manque cruellement de salles de cinéma. Sur tout le continent elles se comptent à peine sur les doigts des deux mains. Pourquoi les salles, qui fleurissaient ici ou là à Niamey, Dakar ou Bamako, ont-elles presque toutes fermé ? Les films africains, peu nombreux d’une année sur l’autre, à tel point que le FESPACO (Festival panafricain du cinéma qui se déroule tous les deux ans à Ouagadougou, Burkina Faso) a du mal à en trouver assez pour nourrir sa compétition, ne sortent que très rarement dans les quelques salles qui subsistent. Le piratage est massif, si bien que les films sont immédiatement disponibles en DVD sur les marchés à des prix défiant toute concurrence. Le Nigéria, qui produit un millier de films par an, faits avec des budgets ridiculement bas, développe une alternative au modèle francophone : les films, tournés en une semaine, ne sont pas faits pour les salles mais pour être vendus, à peine fabriqués, sur les marchés comme n’importe quel autre produit de consommation courante. Réponse sauvage à la crise qui frappe cruellement le cinéma africain.

Abderrahmane Sissako a décidé de relever le défi en se lançant dans l’aventure, soutenu avec ardeur par Juliette Binoche. Les réactions hier soir étaient toutes positives, chacun décidant de mettre la main à la poche en versant cinq mille euros, le prix d’un fauteuil du Soudan Ciné dont le bail vient d’être acquis par l’Association. Le Soudan Ciné est une vieille salle dont le style architectural sera respecté par l’architecte Jean-Marc Lalo, en charge de la rénovation. Deux salles pourront accueillir des projections numériques. Un bar et un espace de rencontre sont prévus, ainsi qu’un restaurant. Les activités pédagogiques auront la part belle, afin d’initier le jeune public de Bamako au cinéma. Si le projet aboutit, nul doute qu’il aura des répercussions sur le continent. Une salle qui rouvre, dotée d’un équipement moderne, pourra vite trouver son public.

Ce projet a reçu le soutien de nombreuses personnalités, associations, institutions publiques et entreprises privées : Juliette Binoche, Barbara Hendricks, le Festival de Cannes, Culturesfrance, Gaumont, le CNC, Arte France, TV5 Monde, l’Institut Lumière, la Cinémathèque française, Europa Cinémas, le Ministère des Affaires étrangères, la Ville de Paris, la Ville de Bamako, le Groupe Tomato (Bamako), la Fondation Flux Laboratory à Genève, la Fondation Gulbenkian à Lisbonne, etc. Mais il reste encore beaucoup à faire pour que ce projet voie le jour.

La photographe et réalisatrice Marion Stalens a réalisé un film de sept minutes intitulé Le voyage du fauteuil, qu’il est possible de voir sur le site de l’association : www.cinemasforafrica.com  

Les dons sont à envoyer à l’association : Des Cinéma pour l’Afrique, 154, rue Oberkampf 75011 Paris (0033 1 48 07 59 19). Il est possible de contribuer à l’achat d’un fauteuil en envoyant un chèque, ou d’acheter un fauteuil en versant la somme de 5.000 euros (le fauteuil portera ainsi votre nom ou celui de votre entreprise). Tout don versé en faveur des « Cinémas pour l’Afrique » donne droit à une réduction d’impôt sur le revenu égale à 66 % du montant versé, dans la limite de 20 % du revenu imposable. Les entreprises mécènes bénéficient d’une réduction d’impôt de 60% du montant versé.

 

Une Réponse à “Des cinémas pour l’Afrique”

  1. Charles Flamant a écrit :

    Bonjour. Bravo pour cette initiative !! « Cinémas pour l’Afrique »
    L’Afrique où j’ai vécu 15 ans comme pilote, basé dans différents pays.
    15 ans,cela valait bien quelques romans d’aventures, au total 5 que je voudrais soumettre à Monsieur Sissako. Ils sont visibles sur http://www.thebookedition.com Des romans pour rêver, pour voir, revoir, découvrir l’Afrique.
    Cordialement. Charles Flamant.