Et Jaurès trouve que le plus bel intervalle du film est à la toute fin, où

« l’on ne voit que Cléa, on ne voit pas Violette, mais elle est pourtant là ! Car on entend sa voix, et puis c’est comme si on était dans le film, là, avec Cléa, tout près ! C’est comme si toute la classe avait aidé Cléa et Violette à être amies… Il y a beaucoup d’intervalles dans le film, mais c’est le plus beau… »

Les questions que nous leur avons posé : quels sont les moments où tu as le plus ressenti l’intervalle, est-ce que ça a été dur de filmer les intervalles, est-ce que les extraits vous ont aidés pour écrire le film, comment s’est passé l’écriture du film.

La définition de Véra  : « L’intervalle c’est la distance qui nous explique ce qu’il se passe entre eux et qui nous dit si ils sont heureux ou pas. »

Mathilde, Véra et Alice : « On n’a pas trop écrit, sur une feuille je veux dire, On a plutôt discuté ensemble. Puis au fur et à mesure, on se rend compte qu’il y a un personnage, puis il y en a trois autres, puis quatre, et c’est avec tous ces personnages qu’on peut fabriquer une histoire encore plus… ce qui est bien est qu’il y en a un qui a une idée, un autre une autre, et c’est ça qui crée l’histoire, avec chaque idée qui arrive. Et quand on a fini le film, un peu comme ce moment là, on peut se dire qu’on a fait du cinéma. »

Une histoire va faire jouer des petshop

Suzanne amène sa boîte à petshop en classe pour voir…

Et puis une fois écrit, la séance d’après, nous sommes allés choisir les lieux de tournage, nous avons discuté, choisi les places des personnages, leurs déplacements, on a testé des places possible de caméra…

On a fait des plans au sol

Et enfin on a pu commencer à répéter, et fait un premier tournage  ! On a regardé les images, les comédiens sont bons quand ils se concentrent et quand on leur dit bien ce qu’il faut faire… mais c’est pas si facile !

Timéo

Noé

Amandine : « Pour voir qu’un personnage a peur de l’autre on prend l’enfant jusqu’à la taille du grand, on voit le petit garçon tout petit par rapport au policier, on sent qu’il est tout petit et qu’il a peur »

Amandine

Aksel

Et puis un extrait du film « Nathalie Granger » de Marguerite Duras, avec Jeanne Moreau :

Dans ce court passage, on voit les 4 personnages : Nathalie et sa mère (les deux brunes) et Laurence et sa mère (les deux blondes). Donc deux petites filles et leurs mamans…

De la multiplicité des relations dans cet extrait, richesse de la discussion. Au commencement, l’un a demandé – mais tu avais dit que chacune des petites filles avait sa maman, qu’on les voyait toutes les deux, mais ce n’est pas vrai, on ne voit pas la maman de Nathalie

– mais si elle est là, pourtant, tu as bien vu deux femmes et deux petites filles ?

– oui mais ce n’est pas possible, cette femme là, ça ne peut pas être la maman… elle est si loin, et les autres sont si proches… et Nathalie voudrait bien être dans la barque plutôt mais elle ne peut pas les atteindre, la barque est sur l’eau qui est si sale… elle est toute seule…

Une grande partie de la classe n’avait pas vu la mère de Nathalie Granger, c’est à dire pas pu accepter et comprendre que dans ce même cadre, on y voyait Nathalie et sa mère, de la force de la mise en scène et du rapport entre les personnages, l’espace, la caméra…  Les élèves ont ressentis l’espace entre elles comme étant presque aussi infranchissable que l’eau de l’étang séparant la barque de la berge, la notion de l’intervalle, sans toujours le nommer, avance…

Et un extrait du film « Yoyo » de Pierre Etaix :

« C’est presque comme Charlie Chaplin. Pierre Etaix franchi tous les obstacles, et alors que c’est dangereux et qu’ils sont éloignés on a l’impression que tout le monde est réuni ! Il joue avec les objets qui relient les personnages entre eux. Ils sont loin les uns des autres mais beaucoup plus proches que les personnages de l’extrait de Nathalie Granger.  »

Wafa et Véra :

On a l’impression que Wafa peut toucher l’épaule de Véra. Elle veut toucher l’épaule de Véra pour lui demander quelque chose. Elle n’ose pas. Elle pense que Véra est fâchée contre elle.

On a l’impression que Wafa s’est éloignée. Elle a dit non à Véra. Wafa a les bras croisés, elle est fâchée. On voit presque en entier le corps de Wafa. On est en plan moyen.

Véra et Wafa semblent éloignées encore plus. Wafa est triste. Elle a les mains jointes. On voit le préau. C’est un plan large. Wafa est loin.

Aksel et Mira :

Aksel observe Mira. Mira fait exprès de ne pas le regarder. Ils viennent de se bagarrer.

Aksel observe Mira qui parle à quelqu’un.

Mira s’est éloignée d’Aksel. Les personnages sont dans deux histoires différentes : Mira écoute la maîtresse tandis que Aksel a été puni par la maîtresse et reste tout seul.

Et puis on a joué avec les distances autrement, on a une autre histoire : Wafa est une petite sorcière qui transforme ses copines en poupées vivantes ! Elle nous les présente, elle peut même les ranger dans sa poche ! Mais en fait, Véra et Mathilde sont tout au fond du préau. Wafa est proche de l’appareil photo.